Ma période de janvier à juin était un parcours du combattant. Comme une immense journée entrecoupée de quelques siestes. Une guerre des tranchées avec des tâches qui fusaient autour de moi, des responsabilités qui gangrénaient mes jambes, et des ordres gueulés à droite à gauche. Et comment s’en sort un créatif-productif en pré-burnout? Hein? Comment?
1. Il fait le point
Quand un ninja de la productivité court depuis trois heures, il s’arrête 10 minutes.
Ça paraît contre-intuitif, mais il faut d’abord stopper l’hémorragie sur le long terme. Quand c’est la monstre bourre et que je suis à l’agonie, je m’arrête pour faire le point : à quels rendez-vous puis-je renoncer? Quels délais sont encore négociables? Puis-je entrevoir des jours meilleurs à l’horizon ? (Parce que c’est plus facile de serrer les dents si je sais que j’aurai trois jours de vacances dans les prochaines semaines).
C’est la métaphore de la fenêtre ouverte: j’entre dans mon bureau et le vent s’engouffre par la fenêtre ouverte, soulevant tous les papiers que j’avais « organisés » en tas. Est-ce que je rattrape les papiers, ou est-ce que je ferme la fenêtre ?
(Indice: le vent continue de souffler)
Faire une pause en pleine tempête peut être paniquant: je peux avoir la (fausse) impression de ne rien accomplir alors que l’urgence fait rage. Mais une vision d’ensemble permet de mieux placer les priorités, d’envisager de renoncer à des tâches qui paraissaient importantes ou de déléguer le boulot à des tiers.
2. Le travail c’est la santé
Cinq fruits et légumes par jour. En période de stress, je m’alimente encore plus sainement que d’habitude. Là aussi, c’est assez contre-intuitif: mon corps dépense de l’énergie et va me faire rechercher des aliments riches en sucre, mais il faut pouvoir résister à ces promesses de « pics » de performance. Quand je suis en mode ninja de la productivité, je ne bois plus d’alcool, je freine sur le gorgonzola et je mange en général un petit peu moins que d’habitude (la règle du Hara hachi bun me). Je tends aussi à donner une plus grande priorité à mes séances de jogging; l’astuce, c’est d’optimiser ce temps en associant des tâches: j’apprends mon texte en courant ou en conduisant, je brainstorme un projet à l’arrêt de bus.
Même si j’ai parfois l’illusion d’être plus productif en travaillant « à crédit », sur mes heures de sommeil, sur le moyen terme, c’est catastrophique: les performances de concentration baissent, et le rendement est nul. Si je rentre chez moi à 22h00 avec 17 mails à ouvrir, j’ai deux options: y répondre jusqu’à minuit et me lever à 8h00, ou me coucher à 22h30 et me lever à 6h30. Devinez quelle est la meilleure option.
(Indice: la lumière bleue, c’est pire que les yeux qui piquent)
3. Failing to plan is planning to fail
J’augmente la priorité de mes tâches de planification : répondre aux doodles, mettre à jour ma liste de tâches et gérer la vision à long terme deviennent mes chevaux de bataille. Je me bats pour sortir le nez du guidon, pour arrêter de courir après le micro-management. Voir loin, c’est aussi regarder le passé: comment éviter la même période de bourre à l’avenir, en tirant les enseignements de l’urgence actuelle?
C’est également dans ces périodes de bourre intense que j’apprécie d’avoir investi dans un système de gestion de tâches : j’en réduis la gestion au minimum, mais je continue à consigner des tâches pour les jours meilleurs.
4. J’ose la brièveté
Quand je suis débordé, je vais à l’essentiel.
Je me contente de mails en trois phrases.
J’applique le principe de Pareto: 20% de mes efforts suffiront à engendrer 80% des effets attendus.
5. Des pauses, et du temps pour le fun
Tout au long de mon marathon productif, je me suis gardé des temps dédiés au jeu et à la rêverie. J’ai participé au Grand Prix de Bologne (Magic), j’ai renoué avec les soirées-jeux et je suis allé flâner parmi les marmottes dans les Grisons. Parce que c’est essentiel de ménager des temps de fun et de glandouille, encore plus dans les périodes de bourre. Il faut des heures où on ne fait rien, où on baye aux corneilles, où l’esprit vagabonde en mode indirect.
6. Bye bye Facebook
Parce que deux minutes par jour suffisent pour rester connecté.
Parce que le surf « de fil en aiguille » est chronophage.
Pour éviter de se comparer à la prétendue efficacité des autres.
7. Refaire le point
Une fois l’orage passé, j’ai parfois de la peine à prendre du recul. Je m’efforce de tirer un enseignement à long terme: les épreuves sont là pour ça. Alors je gratte là où ça fait mal, je surveille les priorités que j’aurais dû ré-évaluer, et je me dis que je continue d’apprendre. Toujours. C’est plutôt bon signe, de la roter de temps en temps: « Si votre chemin de vie paraît tout tracé, c’est probablement celui de quelqu’un d’autre. » (Joseph Campbell)